Folles Noces : les mariés éternels
Ils se marient en chansons depuis plus de deux cents représentations déjà. Catherine Délourtet et Jean-Paul Delvor avaient envie de jouer ensemble, de se livrer en duettistes à un panorama pour le moins étonnant de la chanson française. Le principe se révèle simple : un couple se marie et le public se retrouve invité à la noce et, immanquablement, on retrace l’histoire des premières amours mais aussi des disputes en chansons. Le spectre s’avère donc très large, ceci d’autant que les comédiens s’offrent une liberté de ton, un humour décapant pétri de clins d’oeil, n’oubliant jamais de se faire plaisir, d’insérer dans le mix des titres qu’ils aiment, auxquels ils sont attachés comme ce morceau de Thiéfaine. A côté de cela, les grands classiques y passent mais la référence n’est jamais appuyée. On joue ici dans le décalage, dans le détournement et tout le monde y trouve son compte dans les différents niveaux de lectures. Un enfant verra le côté clown, la référence plaisante aux couples célèbres comme Ulysse et Pénélope, un cinéphile averti attrapera au passage la référence au «Mépris» de Godard quand la scène se nimbe d’ombres chinoises, un amateur de vaudeville goûtera sans conteste le côté boulevardier, nostalgie des samedi soir des «Au théâtre ce soir» et de l’humour des Poiret, Serrault et Maillan qui se permettaient tout. Malicieusement, Catherine reprend la célèbre et audacieuse chanson de Colette Renard alors que Jean-Paul se livre à une version délirante du «Cosaque» sous l’oeil mi-complice, mi-spectateur du pianiste. Jean Yanne et sa chanson médicamenteuse sont eux aussi de la partie pour livrer un spectacle décapant et hilarant que l’on a envie de revoir encore et toujours. Pourvu qu’ils se remarient demain !
Florence Marek